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Quelques généralités sur la taille de fructification des arbres fruitiers

samedi 3 mars 2012

Tous les ans, pendant l’hiver, revient la question de la taille de fructification des arbres fruitiers. De nombreux adhérents conduisent leurs fruitiers en palmette, quenouille …

C’est la meilleure façon pour obtenir un maximum de fruits sur un minimum de place. Cela demande du savoir-faire et du temps. Les espaliers bien menés ont un intérêt décoratif très fort dans le jardin. Pour obtenir de beaux espaliers, la variété désirée doit être greffée sur un porte-greffe nanifiant afin que votre arbre fruitier pousse modérément et que vous puissiez lui appliquer la taille trigemme.

Porte-greffes nanifiants : Pajam, M 106 pour les pommiers, cognassier pour le poirier (qui sont en vente à la Foire aux Greffons).

Personnellement, je préfère conduire mes arbres de façon plus libre et moins contraignante : conduite en axe vertical. Je laisse monter l’axe central et j’éclaircis les branches qui partent le long de cet axe pour que le soleil, la lumière pénètre au maximum à l’intérieur du fruitier.
Que ce soit une méthode ou une autre, l’observation de votre arbre fruitier est primordiale avant de le tailler.

Voyons plusieurs cas.

Si votre arbre est vigoureux (il produit beaucoup de rameaux et peu de fruits, souvent de gros fruits pleins d’eau et de mauvaise conservation), il faut le tailler long. Conservez le maximum de brindilles, de branches faibles pour diminuer la pression de la sève et la répartir dans le maximum d’organes.

Si votre arbre donne beaucoup de fruits (il est trop fertile) et qu’il ne pousse pas ou peu (pas de production de bois, de rameaux), il faut le tailler court pour concentrer la sève sur quelques organes.

Un arbre vigoureux donnera du bois. Plus vous le taillez, plus il donnera du bois et toujours peu de fruits. Cette forte vigueur est le cas des arbres jeunes. Attendez quelques années pour qu’il s’assagisse et qu’il ait fini de former sa ramure.

Si ce sont des palmettes, quenouilles âgées qui donnent beaucoup de bois(qui s’emballent), habituellement c’est dû à l’affranchissement de
l’arbre fruitier. Il a développé des racines au dessus du point de
greffe qui a été enterré au cours des années.

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D’abord, dégagez ce point de greffe ou bourrelet de greffe et ensuite supprimez les racines (1) qui ont démarré au dessus. Dans d’autres cas, pour diminuer la vigueur de l’arbre fruitier, évitez les apports d’engrais azotés, de compost.

Pratiquez une taille d’été assez forte : vous supprimerez la "machine" à fabriquer la sève élaborée.

Limitez l’arrivée de sève brute dans l’arbre en l’étranglant au
niveau du collet, en retirant un anneau d’écorce ou en
coupant des racines.

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Pour l’étranglement, serrez un ou deux fils de fer au niveau du collet. Desserrez-les au bout de quelques mois pour éviter la mort de votre arbre.
Pour l’écorçage, l’anneau d’écorce aura 1 cm de largeur et sera
retiré sur les 2/3 ou les 3/ 4 de la circonférence.

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Ayant pratiqué cette méthode plusieurs années sur un pied de Belle de Boskoop greffé sur pommier sauvage et mené en palmette horizontale, l’arbre était tellement vigoureux qu’en quelques semaines, la plaie était cicatrisée. Les années suivantes, j’ai associé l’écorçage avec la coupe des racines sur un fer de bêche, sans plus de succès. Ensuite, j’ai aussi associé la taille d’été, l’arcure. J’ai courbé tous les rameaux et gourmands pour diminuer la vigueur (en supprimant l’appel de sève du bourgeon terminal) et essayer de mettre l’arbre à fruit. Mais l’arbre remplaçait rapidement les rameaux coupés ou arqués et continuait à donner des fruits avec parcimonie, de gros fruits de très mauvaise conservation avec beaucoup de "Bitter Pit".

Il est préférable de rechercher les causes du trop de vigueur. Dans ce cas, le porte-greffe, un pommier sauvage, était trop vigoureux pour une palmette. La seule solution aurait été de le laisser devenir un pommier tige : 8 m de hauteur et 7 m de largeur !

Si votre arbre est faible, vérifiez qu’il n’est pas planté trop profondément. L’expérience a montré qu’un arbre qui a son collet enterré fatigue et ne pousse pas, sauf s’il développe des racines au dessus du collet.
Dans ce cas, remettez-le de niveau ou dégagez la terre au pied, apportez engrais et compost, travaillez le sol…
Pour lui redonner de la vigueur, taillez court votre fruitier, supprimez les organes floraux surtout chez les variétés très fructifères afin de diriger la sève sur les organes à bois. Vous pouvez aussi redresser à
la verticale les branches peu vigoureuses pour augmenter l’appel de sève.

L’époque favorable pour effectuer la taille se situe pendant le repos de la végétation, en hiver, sauf par temps de gel. Commencez en février par les poiriers pour terminer en mars par la vigne. Je taille les actinidias entre Noël et le 1er de l’an. Le bois ne "pleure" pas à cette époque.

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Les outils : utilisez un sécateur bien aiguisé et propre. Désinfectez-le régulièrement avec de l’alcool à brûler.

Il faut que le "crochet" (la contre-lame) du sécateur prenne appui sur la partie du rameau qui sera éliminé. Le crochet abîme l’écorce. Au contraire, la lame qui exécute une coupe franche portera sur la portion qui restera sur l’arbre (4).

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Si vous utilisez la scie pour supprimer des branches plus grosses, il faut parer la plaie à la serpette, surtout sur le pourtour de la plaie, là où se trouve l’assise génératrice, pour faciliter la cicatrisation. Protégez ensuite la plaie avec du goudron de Norvège.

J. F. Aubert